Jeanne Moreau ici en 1991, Crédits photo : rue des archives/RDA.
Ils lui ont consacré leurs manchettes, de New York à Tokyo, de Madrid à Berlin. Au lendemain de l'annonce du décès de Jeanne Moreau, lundi 31 juillet, l'ensemble de la presse mondiale honore la mémoire de l'actrice.
En France, le quotidien Le Monde tient à rappeler le rayonnement international qu'avait Jeanne Moreau. «Sa voix grave ravageuse, sa séduction troublante, sa personnalité insoumise et ses choix tout au long de sa carrière l'ont consacrée comme l'une des grandes stars françaises et internationales», peut-on lire. «Une grande comédienne, et une personnalité insoumise».
Libération évoque le «mythe d'une époque, créatrice insatiable, artiste totale, elle était Jeanne la comédienne, la réalisatrice, la chanteuse. Et surtout la femme amoureuse et libérée, comme celle de ses rôles cultes, de Catherine dans Jules et Jim de François Truffaut à Florence dans Ascenseur pour l'échafaud de Louis Malle», avance le journal.
Mais au-delà de son immense carrière, c'est le sentiment de liberté qu'elle procurait qui manquera aux Français. «Avec sa beauté sensuelle teintée de lassitude et sa voix incomparable, Jeanne Moreau, décédée à Paris à 89 ans, laisse l'empreinte d'une actrice éclectique et d'une femme libre», écrit L'Express.
Le Nouvel Obs retrace, lui, les premiers pas de Jeanne Moreau. «Fille d'une danseuse anglaise et du patron du restaurant la Cloche d'Or, Jeanne Moreau se forme au conservatoire, passe par la Comédie-Française et le TNP de Jean Vilar. Révélée en 1947 au Festival d'Avignon dans la Terrasse de Midi, elle fait ses armes dans le boulevard et trouve son premier rôle marquant au cinéma auprès de Jean Gabin dans Touchez pas au grisbi», est-il écrit.
Le monde entier salue la mémoire de Jeanne Moreau
Outre-Manche, la presse britannique salue une «actrice légendaire, devenue synonyme de La Nouvelle Vague française, [qui] apparaissait dans des œuvres dirigées par Louis Malle et François Truffaut», écrit The Guardian. En outre,le quotidien insiste sur le film qui lui a permis de propulser sa célébrité au-delà des frontières hexagonales: «Jules et Jim a offert une renommée internationale à Moreau. Réalisé par François Truffaut, l'élégant film (1962) a été mis en scène lors de la première guerre mondiale et représente un triangle amoureux entre le personnage de Moreau, Catherine, avec Jules (Oskar Werner) et Jim (Henri Serre).»
Le Daily Mail évoque lui aussi à de nombreuses reprises son rôle dans Jules et Jim. Avec sa «smoky-voice», comme disent les Britanniques, «elle avait été décrite par Orson Welles comme ‘'la meilleure actrice du monde''. Elle était également une icône féministe, une pionnière pour les femmes libres à un moment où le cinéma abordait à peine les problèmes féminins.»
Pour The Independant, «c'était avant tout une voix grave et rocailleuse, marquée par la consommation d'un million de Gauloises. C'était aussi un regard sombre, charnel et énigmatique. Et puis il y avait cette indéfinissable moue boudeuse qui, en une seconde, pouvait s'éclipser pour révéler un sourire éclatant. Jeanne Moreau était une femme facétieuse et dangereuse.», écrit le quotidien britannique.
«Une femme fatale de la Nouvelle Vague.»
The New-York Times
Les Américains lui rendent un hommage appuyé. Le New-York Times décrit Jeanne Moreau comme une «femme fatale de la Nouvelle Vague française», et rappelle qu'elle a été la plus jeune membre de la Comédie Française. «Elle a étudié au Conservatoire National d'Art Dramatique et, à 20 ans, est devenue la plus jeune membre à plein-temps de la Comédie-Française, faisant ses débuts dans un drame de Tourgeniev», peut-on lire. The Hollywood Reporter rend lui hommage à «une actrice française légendaire, disparue à l'âge de 89 ans. «Elle était une femme fatale, mais aussi l'une des meilleures actrices de scène de son époque.»
Le quotidien japonais Asahi Shimbun pleure lui aussi la mort de «l'actrice qui représentait avec intelligence et dignité, la beauté du cinéma dans le monde». Un sentiment partagé par le Japan Times, qui estime que «la comédienne est l'un des figures de proue de la Nouvelle Vague.»
Pour le quotidien espagnol El País, Jeanne Moreau était «la beauté, l'intelligence, et la séduction», tandis que l'italien Corriere Della Serra affirme que «sa sensualité allait bien au-delà des frontières de la fiction». Outre-Rhin, Allgemeine Zeitung regrette déjà les beaux yeux de l'actrice. «Quand un regard pouvait vous consoler», écrit le journal allemand. L'Orient-Le Jour, quotidien Libanais, évoque «l'immortelle Jeanne Moreau, qui a vécu tant de vies en les partageant avec la France et le monde entier.»
Comme le résume Le Figaro, Jeanne Moreau était avant tout une femme de théâtre. «On ne l'oubliait pas. On n'oubliait pas Mademoiselle Moreau, comme on disait dans le théâtre. Lorsqu'elle voulait qu'on ne l'embête pas avec des questions oiseuses et qu'on lui donnait du ‘'Madame'', elle répliquait, ‘'Madame, c'est ma mère. Moi, c'est Mademoiselle!'' Une très grande Mademoiselle Moreau, reine des planchers que Mallarmé qualifiait de divins...», écrit notre consœur, Armelle Héliot.
Par Guillaume Narduzzi.
Source : Le figaro/cinéma.
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