Novembre 1967 Palais des sports avec les chœurs de l'armée rouge. All photos/media/videos belong to the photographers and legitimate owners. No copyright infringement. |
Voici des extraits, d'un très bon livre sur Paul Mauriat "Une vie en bleu" de Serge Elhaik aux éditions Serge Elhaik paru en septembre 2002.
A LA MANIERE COQUATRIX
Bruno Coquatrix, directeur de l'Olympia, décide d'organiser une tournée en Russie en juin 1967 avec Mireille Mathieu comme vedette d'un spectacle qu'il nomme "Music Hall de France".
Quatre vingt cinq artistes sont engagés. Paul Mauriat et, bien sûr, ses trente-cinq musiciens, les ballets d'Arthur Plasschaert avec dix-huit danseurs, Gérard Majax l'illusionniste, et Michel Delpech en vedette américaine.
Paul Mauriat
Nous avons fait six concerts à Moscou, trois à Kazan et cinq à Leningrad, redevenu Saint Pétersbourg depuis. Johnny Stark n'avait aucune possibilité de publicité, celle-ci étant interdite à cette époque. L'U.R.S.S. était dirigée par Brejnev, premier secrétaire du parti communiste. Tous les participants étaient surveillés, musiciens, danseurs, Michel Delpech et son épouse, Mireille et Johnny et bien entendu Irène et moi-même.
Pendant la dernière semaine passée à Leningrad, nous avons découvert l'aurore (presque) boréale ; environ deux heures de nuit et vingt deux heures ensoleillés. Aucun d'entre nous ne connaissait ce phénomène étrange. Il nous arrivait de bavarder à l'extérieur de l'hôtel jusqu'à trois, voire quatre heures du matin. Heureusement la tournée finissait à Leningrad !
Bruno Coquatrix, parfait gentlemen, adresse ces quelques lignes à Paul Mauriat à l'issue de cette tournée en Russie :
Merci Paul d'être venu dans cette « galère !» j'espère que vous en garderez quelques bons souvenirs
quand même !
Cela m'a donné la joie de mieux vous connaître et de mieux vous apprécier, non seulement en tant que musicien mais surtout en tant qu'homme !...et c'est bien agréable.
Mon amitié
Bruno Coquatrix
Mireille garde aussi un souvenir très vif de cette tournée en Russie
Mireille Mathieu
C'était vraiment l'Olympia à Moscou. Il y avait une telle osmose entre nous tous, qu'on ne voyait aucun des inconvénients qui ne manquaient pas de se produire. Le public Russe n'a jamais oublié notre venue. Je parle souvent de cette tournée dont nous ne gardons en mémoire que les bonnes choses. J'ai découvert et conservé un ami là-bas ; un journaliste Russe, Victor, qui ne nous lâchait pas d'une semelle. Depuis, il est venu plusieurs fois chez moi et chaque fois nous ravivons nos souvenirs.
QUAND FERA T'IL JOUR CAMARADE ?
Son passage en Russie inspire à Paul la musique de la chanson "quand fera t'il jour camarade ?" sur un texte de l'écrivain Gaston Bonheur qui avait préfacé peu avant un livre sur la révolution d'octobre en Russie. Gaston Bonheur écrit d'ailleurs les paroles de "J'ai gardé l'accent", une autre chanson écrite pour Mireille sur une musique de Jean Bernard.
Quelques mois plus tard, Mireille chante "quand fera t'il jour camarade ?" au Palais des sports, en compagnie des Cœurs de l'Armée Rouge alors en représentation à Paris.
L'OLYMPIA 1967
Mireille Mathieu est annoncée en décembre à l'Olympia en tête d'affiche. Paul Mauriat bien sûr l'accompagne et dirige l'orchestre.
Distel, Aznavour et Chevalier sont venus encourager la toute jeune vedette pour la première. Pendant le spectacle Mireille interprète "Ma pomme" en hommage à Maurice Chevalier, l'un de ses admirateurs de la première heure.
Mireille Mathieu
J'avais tout juste vingt et un ans, c'était merveilleux d'être vedette à part entière à l'Olympia. Il y a une réelle excitation à se dire qu'un grand orchestre est là pour vous. On ne peut pas décrire les sentiments qui vous animent dans ces instants extraordinaires. Ils n'appartiennent qu'à vous et reste des souvenirs indélébiles. Bien sûr, j'avais beaucoup plus d'assurance qu'à mes débuts deux ans plus tôt, mais malgré le trac j'avais plus d'insouciance qu'aujourd'hui lorsque je fais un récital. A l'époque ma sécurité c'était Paul ; s'il y avait des problèmes de mesure ou si je me trompais, Paul était là pour m'épauler, pour me dire, « je suis là, n'aie pas peur ». C'était formidable d'avoir quelqu'un de disponible en permanence. Il me connaissait par cœur et savait à quel moment je risquais de me tromper.
Mireille Mathieu, comme le faisait Piaf, présente toujours son chef d'orchestre au public, une façon de souligner la part de celui-ci dans un tel spectacle. Un Olympia, c'est un long travail et on ne le prépare pas comme un disque.
Paul Mauriat
Il faut adapter les orchestrations des chansons en pensant à la scène. Par exemple de temps en temps, il faut un peu moins de cuivres et un peu plus de cordes.
Nous répétions tous ensemble le premier jour, et quand il y avait quelque chose qui n'allait pas, on faisait un petit raccord le lendemain. Je choisissais avec un soin extrême les musiciens pour ces concerts ; moins nombreux que pour un disque, la valeur de chacun d'eux compte beaucoup. Quand a Mireille, elle était toujours très concentrée, et je n'avais jamais eu de réels problème avec elle à l'Olympia.
A suivre ...
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