Mireille et J Stark Olympia 1966 All photos/media/videos belong to the photographers and legitimate owners. No copyright infringement. |
Voici des extraits, d'un très bon livre sur Paul Mauriat "Une vie en bleu" de Serge Elhaik aux éditions Serge Elhaik paru en septembre 2002.
CHRISTIAN GAUBERT
MARSEILLE-PARIS VIA MAURIAT
Mireille et C Gaubert |
Paul à la générosité d'un vrai professionnel. Quand il détecte les qualités d'autres musiciens, il aime les faire partager.
Paul Mauriat :
Christian Gaubert ? Il était excellent.
Je ne l'ai pas lancé, je l'ai présenté à Francis Lai, à Johnny Stark et Charles Aznavour.
Christian me voue une reconnaissance éternelle, ce qui est injustifié car il fallait être excellent pour réussir.
C'est un des seuls qui me téléphone au moins deux fois par an. Il a toujours dit qu'il a fait carrière à Paris grâce à moi. Or, sans talent ça n'aurait jamais marché.
La rencontre entre Francis Lai et Christian Gaubert est le premier pas vers une association fertile durant des décennies.
Christian Gaubert :
A l'automne 1966, Paul, alors directeur musical de Mireille Mathieu. M'a demandé d'écrire pour elle un arrangement de la chanson "Un homme et une femme" que Francis Lai avait composée quelques mois plus tôt. Pour ce titre, j'ai choisi de faire une orchestration sur un rythme de bossa-nova qui enthousiasmé Paul et Francis.
Francis Lai :
Je ne remercierai jamais assez Paul Mauriat car après cet arrangement superbe d' "un homme et d'une femme" pour Mireille. Christian Gaubert est devenu mon orchestrateur pour une quarantaine de musiques de films, comme "Love story". "Vivre pour vivre", "Mayerling ou encore "l'itinéraire d'un enfant gâté".
Christian Gaubert signera aussi des dizaines d'orchestrations pour Aznavour, Mireille Mathieu, Bécaud, Sardou, Gainsbourg, et plus récemment pour Guy Marchand.
1970 chez le couturier Louis Féraud. |
MIREILLE ET PAUL A L'OLYMPIA
En septembre 1966, Paul Mauriat dirige pendant trois semaines l'orchestre de l'Olympia qui accompagne Mireille Mathieu pour son premier grand tour de chant. Neuf mois plus tôt, elle était simple lever de rideau dans cette même salle. Les célèbres Roger Pierre et Jean-Marc Thibault participent à ce spectacle qui programme aussi le jeune Georges Chelon.Adoptée par le monde du Show-business en quelques mois, Mireille reçoit des télégrammes signés Line Renaud, Adamo, Dalida, Pétula Clark, mais aussi Franck Sinatra ou Sammy Davis Junior.
Ces galas à l'Olympia sont un véritable triomphe pour Mireille Mathieu, prélude à un prochain voyage aux USA.
PAUL ET MIREILLE AUX ETATS-UNIS
Pas moins de quatre voyages outre-atlantique rythment le cours de cette année exceptionnelle. Paul Mauriat accompagne Mireille deux fois.
Mireille et Paul viennent de terminer leur série de concerts à l'Olympia. Ils ont peu de temps pour préparer leurs bagages. Johnny Stark a en effet décidé de parcourir les Etats-Unis pour une tournée de promotion de sa nouvelle protégée.
Aux côtés de Mireille, Paul et Johnny, Francis Lai, le cinéaste François Reichenbach et trois de ses assistants les escortent lors de son voyage. François doit réaliser un film pour la télévision. La diffusion de ce programme est prévue pour les fêtes de fin d'année, son titre : "le conte de fée de Mireille Mathieu".
Paul Mauriat :
Nous débutions notre périple à New York. Johnny Stark avait retenu tout le dernier étage de l'hôtel Waldorf Astoria. Il ne concevait pas de nous loger autre part que dans l'hôtel le plus prestigieux.
Le premier jour, Johnny avait invité Maurice Chevalier à nous rejoindre à l'hôtel pour rencontrer Mireille. Cet entretient était supposé durer environ un quart d'heure. Mais la fraîcheur, la spontanéité de Mireille ont conquis Monsieur Chevalier qui a exprimé le désir de bavarder plus longtemps. L'entourage de Johnny s'inquiétait, car une autre entrevue était programmée avec des journalistes. Johnny a répondu que la présence de Maurice Chevalier était trop flatteuse pour se permettre d'interrompre ce rendez-vous. Finalement, après deux heures passées avec Mireille Mathieu, Monsieur Chevalier a décidé de partir. A ce moment là, nous avons pu constater ce dont Johnny était capable. Il avait loué quatre somptueuse limousines pour quitter l'hôtel. Pendant que ses collaborateurs s'impatientaient, il avait demandé aux chauffeurs des limousines de tourner autour de l'hôtel jusqu'au départ de Monsieur Chevalier, soit plus d'une heure et demie de plus que prévue !
Tout le monde était époustouflé. Johnny était un grand seigneur, prêt a dépenser une somme folle pour son plaisir !
Direction le Texas ensuite. A Dallas, Stark a prévu de s'arrêter dans une église catholique pendant la célébration d'une messe ; Mireille s'étend à un moment mêlée aux choristes, François Reichenbach ne peut résister au désir de filmer la scène.
Paul Mauriat :
Douze jeunes filles afro-américaines, très belles, longs cheveux, portant des robes bleues très longues ont entamé un psaume, accompagnées d'un seul harmonium. Les voix étaient sublimes. Francis Lai et moi n'avons jamais oublié ces instants un peu magiques. Point d'orgue inattendu : alors que les choristes attaquent leur troisième et dernier chant liturgique nous voyons entrer une femme de couleur, d'apparence très modeste, âgée d'environ quatre-vingts ans. Elle écoute attentivement le cœur, et soudainement, improvise un contre-chant digne d'un musicien très avisé. Le summum de cette soirée.
Le groupe composé de Paul Mauriat, Francis Lai, François Reichenbach, Johnny Stark et Mireille se rend ensuite à Huntsville, dans un immense pénitencier, devenu pendant une journée le théâtre d'un spectacle très particulier : un rodéo organisé pour obtenir des remises de peine.
Paul Mauriat :
On sait qu'aux USA une peine peut durer cent vingt ans, voire cent cinquante ans. (Ridicule !). Ces prisonniers pour la plupart n'avaient jamais pratiqué le rodéo. Il résultait de cette inexpérience un grand nombre de fractures de bras ou de jambes. Dans le meilleur des cas, un prisonnier pouvait espérer obtenir une remise de peine de trente ans, subir quatre-vingt-dix ans d'emprisonnement au lieu de cent vingt. Excepté Mathusalem, je ne vois pas qui pouvait être intéressé par cette faveur...
Francis Lai se souvient avec hilarité- malgré les circonstances et le lieu- de la rencontre avec le shérif, directeur de la prison.
Francis Lai
Nous avons été reçus par le shérif, dans son bureau. Ce n'est pas une légende, c'était John Wayne...Il jouait parfaitement le style cow-boy, les jambes allongées sur la table, souliers longs et pointus, le chapeau, tous les accessoires quoi ! Nous n'avons rien compris de ce qu'il nous a dit, mais notre interprète américain non plus !
A un moment donné, le shérif a proposé un cigare à Johnny Stark qui en était très amateur. Ce cigare devait être particulièrement mauvais car j'ai vu Stark changer de couleur. Il me regardait et transpirait à grosses gouttes. « Je n'en peux plus » nous dit-il. « je ne sais plus quoi faire ». J'ai échappé à l'épreuve car je ne fume pas.
Après le rodéo, Johnny Stark propose à Mireille Mathieu de chanter pour les prisonniers.
Francis Lai
Nous avons bien sûr accepté de jouer pour les prisonniers ; mais venus en touristes à Huntsville, je n'avais pas mon accordéon pour accompagner Mireille. Stark s'est débrouillé pour demander au directeur de la prison si quelqu'un n'aurait pas par hasard un accordéon. Une femme, une prisonnière, en possédait un. Mais cet accordéon avait un clavier-piano, alors que moi je ne joue que de l'accordéon traditionnel avec les claviers boutons.
On s'est retrouvé dans une situation abracadabrante. J'ai pris l'accordéon dans les bras, Paul qui est pianiste jouait la main droite, et moi je faisais la main gauche. Ce moment est resté pour nous tous inoubliable. En jouant devant les prisonniers, on hoquetait de rire ; pourtant le moment était assez tragique. Mais la situation était vraiment loufoque, jouer à deux sur un accordéon.
Mireille chante une de ses nouvelles chansons, "viens dans ma rue", accompagnée par Francis et Paul qui avaient composé cette valse sur des paroles d'André Pascal.
Une autre "surprise" les attends dans cette curieuse prison. Un groupe de prisonniers, tous musiciens, jouent enfermés dans une cage.
Mireille chante à Huntsville |
Francis Lai
Ils étaient tous condamnés à mort. Heureusement qu'ils avaient la musique pour tromper l'attente. Ils étaient fabuleux, style Basie et Ellington.
Ultime étape de ce circuit américain, Los Angeles, Californie. Mireille est attendue pour chanter au Daysie Club devant un parterre de célébrités. François Reichenbach, caméra à l'épaule, s'attarde sur le sourire de Franck Sinatra et Sammy Davis Junior, et filme les dernières images de ce curieux « road movie ».
A suivre...
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