Tina Turner décédée des suites d’une longue maladie ce 24 mai était unique en son genre. Tina Turner, c'est l'histoire d'une résurrection réussie et surtout celle d'une résurrection musicale. Elle a fait une passerelle entre le monde de la soul et le monde du rock. On peut dire que Tina Turner, à elle seule, elle était tout à la fois Run-DMC (groupe américain de hip-hop) et Aerosmith (un groupe de metal américain). Elle était la rencontre heureuse de deux mondes.
Elle a connu un passage sombre dans sa carrière. Comment s'en est-elle relevée ?
Le problème en Amérique avec la soul, c'est que c'est une musique de genre. Un peu comme le gospel. Elle est assez figée, on ne peut pas trop la modifier. Il y a des codes. Dans les années 1980, elle a la chance de rencontrer la British Electric Foundation (BEF). Elle commence à se faire produire par les Anglais et notamment Martyn Ware, son fondateur. Et quand les Anglais touchent à la soul, ils en font toujours quelque chose de différent. Donc, je dirais que, d'une certaine manière, ce sont les Anglais qui ont transformé cette soul. Ils ont choisi Tina Turner qui était à la dérive, « has been », et qui n'existait pratiquement plus. C'est le mélange de sa voix incroyable et de la classe de ces British qui vont l'amener sur un autre territoire beaucoup plus pop et plus rock. L'association avec les Anglais lui aura permis de remonter la pente et des années plus tard, de remplir des stades dans le monde entier.
Je dirais que c'est une énergie pure. Elle a tous les défauts de ce qu'il ne faudrait pas faire, c'est-à-dire qu'elle y va en force. Elle le fait avec une telle facilité que tout paraît plus simple. Sa voix de force résonne totalement avec ce qu'elle a enduré. On sait tous qu'elle était battue par son mari, Ike Turner, qu'elle était une victime et qu'elle s'en est sortie. Donc, elle a vraiment une voix de survivante, d'une certaine manière. Elle va au-delà des voix du gospel qui sont plus dans une espèce de louange religieuse. Sa voix est un cri qui est beau. Moi, je ne conseille à personne de chanter comme elle. C'est un risque, limite dangereux. Elle a été au-delà des limites et en étant toujours dans la maîtrise. C'est ça qui est magnifique.
Dès les années 1980, les fans la surnommaient déjà la « Mamie du Rock ». Pourquoi ?
Parce qu'après 27 ans, dans le rock, vous êtes vieux ou vous êtes mort. C'est la loi, c'est comme ça, on n'y peut rien. Et c'est là que c'est balèze ce qu'elle fait. C'est qu'elle va choper tous les publics, y compris les jeunes. Je sais que le crédit va beaucoup aux arrangeurs. Mais c'est elle qui porte ça. C'est une leadeuse et c'est dans ce sens-là aussi qu'elle est rock. Ce n'est pas une chanteuse qui a une jolie voix, qui est une jolie poupée. C'est une meuf qui dévaste tout sur son passage.
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