Bonnes vacances |
C’était « entrée gratuite » hier au Parc Expo pour les plus de 65 ans. Entre deux spectacles du cabaret colmarien, quelques-uns racontent leurs grands souvenirs de Foire, où apparaissent Mireille Mathieu ou Johnny Stark.
derrière les pectoraux gonflés, il y a parfois des petits cœurs qui battent. Les balèzes à l’entrée de la Foire ont passé toute la journée la pommade aux seniors, avec des trésors de délicatesse.
« Vous êtes sûres d’avoir 65 ans ? », interroge l’un des vigiles, sourire en coin. « Malheureusement », s’esclaffe le groupe de retraitées. « C’est le plus bel âge mesdames, entrez c’est gratuit aujourd’hui ».
Les retraités étaient les invités d’honneur de la Foire, selon une tradition ancienne, avec une collation offerte au cabaret colmarien, et un spectacle de music-hall animé par Jean-Marie Arrus.
Dans la salle, les souvenirs foisonnent. Martine, 86 ans, se souvient encore de « l’antique » Foire des vins d’Alsace. « C’était au début des années cinquante, au mois de juin, au centre-ville, avec une ambiance du tonnerre ».
« Mireille Mathieu, c’était comme Madonna »
« On faisait la bringue comme les jeunes d’aujourd’hui, il y avait des stands de vin partout », raconte Joseph, 76 ans, « une cinquantaine de foires » au palmarès. « C’était une époque où les gendarmes étaient aussi plus relax ».
« Mais c’était l’horreur pour arriver en ville pour nous qui venions de Mittelwihr, on garait la 2CV à trois kilomètres », soupire son épouse, qui se rappelle aussi s’être « pliée de rire » plus d’une fois au cabaret colmarien.
A l’époque plus récente du Parc Expo, Raymonde, 72 ans, permanente « du matin », garde un souvenir ému du passage de Mireille Mathieu. « C’était l’émeute, quelque chose que les jeunes n’imaginent même pas. C’est comme votre Madonna aujourd’hui ».
Son époux, taquin, raconte qu’elle avait aussi « le béguin pour Johnny Stark », le découvreur d’Hallyday. « Il me plaisait bien à l’époque, avec ses lunettes noires, lui, c’était mon genre de bonhomme, même s’il n’était plus de première fraîcheur ».
Beaucoup convoquent quelques soirées de concert mémorables. Josiane, 69 ans, a vu ici « Sardou, Moustaki, Joe Dassin, Stéphane Collaro, Gilbert Bécaud », et même, elle insiste beaucoup, « la sublime Marie Myriam ».
Sylviane, qui ne « dévoilera jamais son âge à un inconnu », garde une « image forte » de l’incendie de 1979. « C’était en pleine nuit, je revois encore les flammes qui lechaient les bâtiments, c’était terrifiant. On a vraiment eu peur que notre fête meure ce jour-là ».
Jean-Marie, lui, se remémore surtout les sorties en bande, avec quelques conscrits de la vallée de Munster. « On ne faisait pas moins de bruit que les jeunes de maintenant ». C’est peut-être juste la musique qui est différente.
Encore plus que « les chouilles », Gaby de Ribeauvillé se rappelle surtout l’achat de sa première télé couleur à la Foire. « Je me demande, avec le recul, si ça n’a pas cassé quelque chose dans la façon de faire la fête, on a arrêté de sortir tous les soirs ».
Texte : PHILIPPE VIGNERON
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